J’ai marché.

En rang dans une cour de récré,
Dans une caserne, au pas cadencé,
J’ai marché.

En chaussures confortables
Ou pieds nus sur le sable,
En bottines ridicules,
Ou baskets à virgule,
J’ai marché.

J’ai marché seul,
Sans témoin sans personne
Que mes pas qui résonnent…
J’ai aussi marché dans les flaques…
(Mais là ce n’est plus du Jean-Jacques)

Quand j’avais du boulot
J’ai marché dans le métro
Pour aller dire « salut » à mon nouveau patron.
Puis quand je n’en avais plus
J’ai marché dans la rue,
En traitant de salaud mon ancien patron
Parti conquérir de nouveaux marchés.

J’ai marché en blanc,
Derrière des amants.
Marche nuptiale
Et défilé jovial.
J’ai marché en noir,
Derrière des corbillards.
Marche funèbre
Et cortège de ténèbres

J’ai marché à l’ombre, au soleil,
J’ai marché à Londres sous la pluie,
J’ai marché à Paris, à Lyon, à Marseille,
J’ai marché dans le Bronx, et à Brooklyn aussi.

J’ai descendu des avenues de lumières.
J’ai remonté des sentiers en pierres.
Emprunté des ponts pour traverser des rivières,
Longé des voies de chemins de fer,
Marché dans des couloirs,
Sur des trottoirs,
Des sens giratoires
Ou autres déambulatoires,
Marché le matin,
Marché le soir,
Tiraillé par la faim
Ou poussé par l’espoir…
J’ai marché sans savoir…
Où j’allais.

 

Writing : CB (tribute to Raymond CARVER)
Photography of  The Walker, sculpture by  Paul GIACOMETTI

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